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Kayavarohan is my home base here, and life at the temple revolves around the statue of Shiva, who is believed to have had 28 incarnations on earth, including the last one called Lakulish, who is worshiped here. There are daily rituals of washing, decorating, even feeding the divinity. These are performed by brahmins, a special class of Indians who can do many things but who are the only ones responsible for temples and religious ceremonies and objects. Often you can observe these rituals, but not always. Sometimes the doors are closed, which makes for a dramatic moment when the statue is revealed again. On special days, the decoration gets more and more elaborate. A brahmin can invite anyone back to get closer to the statue, which is considered an honor. I was invited back on my very first day here, and again during the pradosh ceremony, when I got to pour some milk on the statue. I was embarrassed looking at the photo of me back there because I realized I had my leather purse with me. Cows being sacred to Hindus, you’re not supposed to bring leather into the temple. Lesson learned! Women traditionally covered their hair, so that’s what I do, although you do see many women today not choosing to do that. I figure it’s better to be respectful as an outsider. This is a small community so usually there are only a dozen or so people for the daily fire ceremonies, but around Diwali (the New Year celebration), it’s gotten more and more crowded. Because the big thing is to get a direct sightline to see and be seen by the divinity, there’s much jostling to get close to the railing and get close to the front. Men and women are separated for arti, but not at other times. Sometimes there’s a lot of hustle and bustle around the statue itself, especially at pradosh, so I was touched to see that that ritual closed with a silent meditation circle. Silence is a rare commodity here... The Kayavarohan temple has the original divine statue, but copies can be found all over: life-sized in temples, or smaller and even two-dimensional images (prints, photographs...). I’m fascinated by the way the divine image circulates across media and scales and contexts (homes, shops, shrines of all sorts...). People’s behavior from the outside doesn’t seem to change whether they are in front of the original or a copy. I haven’t spoken with someone to know if their inner feeling is more intense in the main temple or not. The sacred image is often accompanied by other images of the two main gurus, Swami Kripalu and Swami Rajarshi Muni, considered saints here and worshipped as such. There is also often a doubling of the sacred image, with a large-scale and small-scale or 3-D and 2-D reproduction side by side. You find this in language too: if one is good, two is better, so many words are repeated: “hello hello,” “same same,” “pretty pretty,” and so forth. Is this where we get our “bye bye” from in English?


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Kayavarohan est ma base ici, et la vie au temple tourne autour de la statue de Shiva, qui a eu 28 incarnations sur terre, dont Lakulish, la dernière, qui est le centre du culte ici. Il y a des rites quotidiens de bains, décoration, même nourrir la divinité. Ils sont exécutés par les brahmins, la caste d’indiens qui peuvent faire beaucoup de choses, mais qui sont les seuls responsables des temples et rituels du culte. Souvent, on peut observer ces rites, mais pas toujours. Parfois les portes sont fermés, ce qui crée un moment dramatique quand elles rouvrent et la statue est de nouveau visible. Plus la journée est spéciale, plus la décoration est élaborée. Un brahmin peut inviter n’importe qui à venir s’approcher de la statue, ce qui est un honneur. J’ai eu la chance d’être invitée deux fois : lors de ma toute première visite et pendant la cérémonie de pradosh, quand j’ai pu verser un gobelet de lait sur la statue. J’ai été gênée quand j’ai vu la photo car je me suis rendue compte que j’avais mon sac en cuir sur moi. La vache étant sacrée aux Hindous, on n’est pas censé porter du cuir dans le temple. Leçon apprise ! Traditionnellement, les femmes couvrent leurs cheveux, donc je le fais, même si on voit beaucoup de femmes indiennes les cheveux découverts. Je préfère respecter la tradition en tant qu’étrangère. Ceci est une petite communauté, donc il n’y a pas plus qu’une douzaine de personnes pour les cérémonies de feu quotidiennes, mais avec la fête du nouvel an (Diwali), il y a de plus en plus de monde au temple. La chose la plus importante est d’avoir une ligne de vision directe de la divinité afin de voir et d’être vu, donc parfois on joue les coudes afin d’avancer vers la barrière centrale. Les hommes et les femmes sont séparées pour la cérémonie, mais pas autrement. Parfois il y a un vrai tohu-bohu autour de la statue, surtout pendant pradosh, donc j’ai été touché de voir que le rite de pradosh se terminait par une méditation silencieuse afin de rétablir le calme. Le silence est une commodité rare ici ! Le temple de Kayavarohan a la statue originale, mais on trouve des copies partout : grandeur vie dans d’autres temples, mais aussi des moyens et des petits, en 3-D ou en 2-D (estampes, photographies…). Je suis particulièrement fascinée par la circulation de cette image divine à travers de multiples formes et contextes (temples, boutiques, maisons privées…). Le comportement des gens devant ces images ne semble pas différent s’il s’agit d’une copie : je constate la même vénération respectueuse. Je ne sais pas si leur émotion intérieure est différente s’ils sont à Kayavarohan devant l’original. L’image sacrée est souvent accompagnée d’images des deux gurus, Swami Kripalu et Swami Rajarshi Muni, considérés comme des saints et vénérés comme tel. Il y a aussi souvent un dédoublement de l’image sacrée avec une grande et une petite juste à côté. On trouve le même phénomène dans le langage aussi : si un est bon, deux c’est mieux, et beaucoup de mots sont répétés : « hello hello, » « same same, » « pretty pretty », et ainsi de suite. C’est peut-être de la que nous avons le fameux « bye bye » en anglais ?